Homélie du 27ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 27 septembre 2014
La vigne du Seigneur
Textes bibliques : Lire
Pour la troisième semaine consécutive, la liturgie nous parle de la vigne. Ces textes bibliques nous sont proposés en pleine période de vendanges. La vigne ce n’est pas seulement une récolte comme les autres. C’est surtout une passion. Le plus en bonheur d’un viticulteur celle de nous faire visiter sa vigne et sa cave ; sa plus grande peine c’est de voir une vigne abandonnée, livrée aux ronces, aux épines et aux sangliers. Cette déception est d’autant plus grande que cette culture demande beaucoup de travail. Il faut s’en occuper toute l’année, retourner la terre, sarcler, planter, tailler en temps voulu, traiter contre les maladies. Puis c’est l’attente impatiente de la vendange ; on a toujours peur que la grêle ne vienne tout ravager en quelques minutes. Les vignerons de chez nous en parleraient mieux que moi.
Le prophète Isaïe part de cette relation du vigneron et de sa vigne pour nous parler de Dieu et de son peuple. Pour le prophète cette vigne c’est le peuple d’Israël. Dieu nous est présenté comme un maître qui a tout fait pour elle. Mais cet amour passionné de Dieu est déçu. Il attendait de son peuple le droit et la justice. Or voilà qu’il se trouve pourri par le mensonge, la violence et la trahison. Les menaces dont il parle ne cherchent qu’à éviter le châtiment. Cette conversion n’a pas eu lieu et les menaces se sont réalisées.
Ce texte biblique que nous rejoint aujourd’hui. Tout au long de notre vie nous sommes invités à reconnaître la tendresse de Dieu à notre égard. Dieu nous aime tous d’un amour passionné. Mais notre réponse n’est pas toujours à la mesure de cet amour. La violence, le mensonge, la trahison sont bien là. Cette l’attitude est un affront à celui qui nous a aimés jusqu’à mourir sur une croix. Mais cet amour du seigneur est bien plus fort que tous nos péchés. Il ne cesse de nous appeler à revenir vers lui de tout notre cœur. C’est à cette condition que notre vie pourra produire du fruit de bons fruits.
Dans la seconde lecture, nous avons le témoignage de Paul. Nous le voyons souvent porter un regard sévère sur le comportement des païens. Mais il sait aussi reconnaître leurs qualités. Il y a chez eux, des gestes d’accueil, de partage et de solidarité. Le premier devoir d’un missionnaire c’est de reconnaître tout ce qu’il y a de beau et de grand chez les hommes à qui il annonce Jésus-Christ. Il découvrira alors avec émerveillement que l’Esprit Saint l’a précédé dans le cœur de ceux qu’il a mis sur sa route. Ce changement de regard nous rendra plus humbles. Il nous aidera à porter les fruits que Dieu attend de nous.
L’Évangile nous parle aussi de la vigne. Mais il y a une différence. Le problème ne vient pas de la récolte mais des vignerons. Ils ont oublié qu’ils ne sont que de simples gérants. Or voilà qu’ils se comportent comme des propriétaires. Ils gardent pour eux toute la récolte du vignoble.
En racontant cette parabole, Jésus s’adresse aux grands prêtres, aux scribes, aux pharisiens. Les uns et les autres vivaient comme s’ils étaient les propriétaires de la vigne. Tout au long de l’histoire, ils se sont montrés particulièrement odieux. Ils sont même allés jusqu’à tuer le fils du propriétaire. Il faut se rappeler que Jésus raconte cette parabole quelques jours avant sa passion et sa mort.
Cette parabole de Jésus prend les allures d’un avertissement : Ce qu’il faut bien comprendre c’est que le seigneur nous donne nous donne beaucoup. Les bien qu’il nous remet ce sont ceux de son Royaume ; il nous a confié une Bonne Nouvelle dont nous devons témoigner ; il fait de nous ses enfants. Il met à notre disposition d’immenses richesses spirituelles. Il a mis sur notre route des frères et sœurs à aimer. Si nous ne sommes pas fidèles à cette mission, elle sera confiée à d’autres. Quant à nous, nous aurons des comptes à rendre.
Il est important que tous puissent venir puiser dans les évangiles les paroles qui font vivre et qui redonnent l’espérance. En accueillant le pardon de Dieu, ils apprendront à aimer comme le Christ a aimé. Le vrai bonheur se trouve seulement dans l’amour et le service. Pour comprendre cela se vers le Christ que nous devons regarder. Il n’est pas venu pour être servi mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude. Il n’a pas cherché à profiter des dons du Père à son seul avantage. Il a toujours suivi le chemin de l’amour et du service. Jésus nous propose ce chemin et nous le rend possible dans le don de l’Eucharistie.
En tant que chrétiens baptisés et confirmés, nous sommes envoyés pour témoigner de l’Evangile. Mais nous ne devons pas oublier que nous ne sommes que les canaux de la grâce du Seigneur. Il compte sur nous pour que le Salut de Dieu atteigne tous ses enfants. C’est pour nous un appel à éliminer de notre vie toutes les tendances égoïstes qui bloquent l’action du Seigneur. La sainteté c’est être transparent à la lumière qui vient de Dieu en vivant de sa vie. Alors comme l’apôtre Paul, nous pourrons dire : “Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi. Alors oui, mettons le Christ au centre de nos vies et de notre prière. C’est avec lui que nous pourrons construire un monde plus juste et plus fraternel.
En ce jour, nous demandons au Seigneur qu’il nous aide à être responsables du don qu’il nous a confié ! Qu’il mette en nous un peu de cette ardeur qui poussait les apôtres et les missionnaires à voguer vers les grands larges ! En communion les uns avec les autres et avec toute l’Eglise, nous faisons nôtre cette prière d’action de grâce :
“Tout vient de toi, ô Père très bon :
Nous t’offrons les merveilles de ton amour.”
Sources : Revue Feu Nouveau – Lectures bibliques des dimanches (A. Vanhoye) – C’est dimanche (E. Oré), dossiers personnels
La Pierre angulaire from Pierre Fricot on Vimeo.
Intégrale des lectures
Merci pour cette homélie qui dit des choses essentielles qui m’ont interpellée. Par exemple, nous devons témoigner, par nos paroles et nos actes, de l’existence d’un Dieu tout Amour. Malgré toute ma bonne volonté, je n’ose rien dire dans ma famille, sinon il y a des quolibets. Ça me désespere, car j’ai l’impression d’être une “consommatrice” de Dieu sans rien donner en retour et cela me gêne énormément.
J’ai lu et relu les textes, lu et relu votre homélie, Jean, toujours aussi claire, facile à comprendre. Mais quand l’esprit est encombré d’un tas de tracas et des soucis de santé, qu’est ce qu’on peut être lent à réagir, attendant toujours l’inspiration pour dire ce qu’on ressent.
Mon Dieu que ça peut être difficile parfois. Je crois aussi que c’est un manque de simplicité, on veut trop bien faire.
Je suis tout à fait d’accord avec vous, la vigne, ce n’ést pas un travail, une culture comme les autres. C’est comme pour un enfant, on attend la naissance avec amour et quand il es là, on l’entoure de tous les soins pour le voir grandir et s’épanouir.
On comprend la tristesse du vigneron de voir sa vigne, le fruit de son travail, de son amour, piétiné, dévasté. On l’a vu récemment avec ces pluies diluviennes qui ont anéanti les vignobles dans l’Hérault.
Dieu s’était choisi un pays, c’était sa vigne, sa bien-aimée, elle l’a rejeté et en plus, les vignerons ont tué son Fils Unique.
Mais la pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre angulaire, le Christ, sur lequel s’est bâtie son Eglise et dont nous sommes ses membres. Il est le cep et nous sommes ses sarments.
Nous avons tous du mal à annoncer l’Evangile, on n’est pas pour autant des consommateurs, Christiane, Dieu connaît notre coeur et reçoit avec bonté les prières que nous lui adressons pour la conversion de chacun, en commençant par la notre. Courage !
C’est souvent triste d’expérimenter l’ingratitude. Aucun parmi nous se réjouit d’être en face des ingrats.